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Le Lotus Bleu
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  • L'histoire de six mois au Japon : trois en province (Kansai et Nagoya), puis trois à Tokyo. Deux stages en entreprise, des dizaines de rencontres, et la découverte non préméditée d'une culture pas si incompréhensible qu'elle n'en a l'air.
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Le Lotus Bleu
3 juin 2006

Comment se comporter en entreprise

p10101061(Là, on testait les sièges de la Business Class de la compagnie aérienne ANA à l'aéroport flambant neuf de Nagoya.)

Se faire apprécier par ses collègues dans une entreprise japonaise n'a rien de sorcier, mais il vaut mieux savoir quelques petites choses avant de faire des bourdes.

- Ne vous inquiétez pas si vous avez l'impression qu'on vous isole la première semaine. Les Japonais vous jugent, l'air de rien, pour savoir s'ils vont pouvoir vous faire confiance. Ils se débloqueront rapidement, souvent après le premier nomikai (beuverie entre collègues). Pour ce faire:

- Evitez de la ramener. Souvenez-vous que le chef a toujours raison. Ne faites même pas de propositions, sauf si on vous demande votre avis. Si vous vous entendez mal avec un(e) collègue, ce qui arrive quelquefois, essayez de fayoter auprès de son chef, il (elle) ne pourra plus rien contre vous.

- Quand on vous dit quelque chose, dites "Hai" ou "Wakarimashita" même si vous n'avez pas compris et demandez ensuite à un collègue bilingue ce qu'on vous a dit. (Ils font pareil.)

- Vous êtes certes étudiant de l'ESSEC, mais au Japon l'ESSEC n'évoque pas grand-chose à vos collègues. Par conséquent, il vous faudra accepter d'être relégué à des tâches subalternes. Vous serez, de toutes les façons, placés au même niveau que vos collègues du même âge, qui commencent tous par là, même hyperdiplômés. Il ne s'agit en aucun cas d'une persécution.

- Si vous avez une objection ou une demande à formuler, c'est tout à fait possible, contrairement à une idée reçue ; mais adressez-vous à la personne compétente (celle qui peut changer les choses), sinon on vous cataloguera comme médisant ou râleur, et ne le faites SURTOUT PAS en public (votre interlocuteur perdrait la face). Dans l'entreprise japonaise, tout est question de face. Et du moment que les apparences restent sauves, de grandes choses sont possibles!

- Dans la mesure du possible, ne refusez jamais une invitation. Surtout pas si elle vient de votre patron! Si vous refusez une fois, on vous excusera, si vous refusez deux fois de suite, on en déduira que vous refusez de vous intégrer et vous vous étonnerez d'être aussi isolé pendant les deux, trois ou quatre mois qui suivront.

- Soignez votre apparence ; au Japon plus qu'ailleurs, c'est la première chose sur laquelle on vous juge. Soyez propre et ayez toujours une mini-bombe de déodorant sur vous. Le premier jour, observez comment les autres s'habillent et faites pareil les jours suivants.

- Faites des efforts. Linguistiques, sociaux. Au Japon, l'effort et la bonne volonté comptent beaucoup plus que le résultat effectif. Contrairement à la France, on vous jugera beaucoup plus sur ce que vous êtes (ou semblez être), que sur ce que vous faites. Les Japonais ont tous un petit côté Obiwan Kenobi.

- Soyez décomplexé. En tant qu'Occidental, vous êtes prompt à faire des erreurs, prenez-le avec le sourire même si l'on se moque de vous et que vous avez l'impression que l'on vous attend au tournant. Vous aurez quelquefois la surprise de leur trouver une mine déçue si vous déclarez aimer le sashimi la première fois que vous en mangez sous leur nez. Vous êtes une attraction ; personne ne vous demande de devenir Japonais. En fait, ils deviendraient agressifs si vous aviez cette prétention... je vous parle d'expérience.

Et n'oubliez jamais ceci : les Japonais ont tous, depuis l'enfance, la capacité de lire dans votre "hara" (vos tripes). Rien qu'en vous regardant. Si vous les méprisez et que vous pensez que ça ne se voit pas, vous vous trompez lourdement et ils vous le feront payer cher. A bon entendeur...

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